C’est un rêve de navigation. Nous avons retrouvé l’Atlantique Nord en
passant par la côte Nord de Puerto Rico. Depuis le départ nous sommes
poussés par un Alizé de 15 à 20 nœuds, bien établit, pas de changement de
force, pas de changement de direction. La mer est houleuse avec des creux
de 3m mais peu agitée. Nous avançons à 7-8 Nds dans un confort incroyable.
On aura fait 165NM en 24h ce qui est notre record.
Il n’y a pas de navigation autour, on a vu 3 Passenger Ship cette nuit en
longeant Puerto Rico, c’est tout. Un peu de lune, un ciel étoilé et clair,
pas de grain, que du bonheur !
Un hélico des Coast Guard est venu nous survoler, après plusieurs Pan-Pan
mais on a du mal à comprendre de quoi il s’agissait. Ils viennent de lever
l’alerte.
Dommage que Pauline, Clément et Hugo ne soient pas là. C’est le temps et
le plaisir de naviguer que nous aurions dû avoir pendant la traversée de
l’Atlantique.
C’est amusant de voir comme notre approche de la navigation a changée. Il
y a encore moins d’un an, faire 130 NM pour aller aux Baléares était une
NAV. On se préparait, météo plusieurs jours à l’avance, routage pour
estimer le temps de parcours, provision de sommeil avant de partir, petite
angoisse en partant, vérification 3 fois que tout allait bien.
Maintenant on part pour 300NM comme si on partait pour la journée. Dans
nos esprits je veux dire. Car on prend toujours la météo pendant 1 ou 2
jours avant, on prépare la route pour repérer les risques (passages entre
les îles, hauts fonds, …). Mais nous partons le cœur léger, heureux de
prendre la mer, on fait les courses, les pleins d’eau et de gazoil, on
vérifie les moteurs, et hop c’est parti. Et puis nous savons que nos
réflexes sont en place. Les quarts sont toujours les même, on porte les
gilets dès que le soleil tombe quelle que soit la météo, on sait qu’on ne
boit pas en mer,… tous ces petits détails que nous n’avons plus à nous
répéter, et qui font que le départ semble anodin.