Dernier jour de mer, il nous faut ralentir pour ne pas arriver de nuit. On affale toute les voiles, mais le bateau continue d’avancer à 3,5 Nœuds. On fera donc un peu plus de chemin.
Arrivée à 8h30, il faut aller faire les papiers. Je prends l’annexe et descends au port. Ah la claque ! Bien sûr, je suis accueilli par un enfant qui me propose de garder l’annexe pour 50 centimes. Puis à peine le pied à terre, la fatigue aidant, un immense mal de terre. Tout tourne, tangue. Et je réalise que je suis en Afrique. Les marchands ambulants. Je fais la connaissance de Madeleine, jeune ivoirienne qui vend des « souvenir locaux » (en fait des produits de côte d’ivoire) et qui m’indique où est le poste de police. Le poste de police, où l’indolence le dispute à la gentillesse (c’est la première fois que je sers la main d’un flic). Les chiens et les chats errants. Les habitations à moitiés construites mais propres et colorées. La brûlure du soleil. Çà me rappelle la Côte d’Ivoire il y a 30 ans.
Je rentre au bateau, et je croise un couple qui descend de son annexe. J’engage la conversation. Des gens de Saint Cyprien !!!
Retour au bateau, et ensuite il faut aller chercher une carte téléphonique car Julie doit travailler et a besoin d’Internet. Nous prenons un taxi collectif (Alluger), en général des monospace ou fourgonnette Toyota réaménagée où l’on peut monter à 15. Tout le monde prend çà au Cap Vert. Çà ne coûte pas cher (50 cts ou 1 euros), il y en a tout le temps, partout, c’est très pratique. Nous allons à la « grande ville » de l’île de Sal qui n’a pas l’air plus grande ville que Palmeira où nous sommes, c’est-à-dire un village. Au passage, nous nous faisons une première idée du paysage de l’île. Ce n’est pas tout à fait le coup de foudre. C’est un désert de caillou et entre nous l’impression que cela me donne se situe entre la gravière et la décharge publique. Bof ! La richesse de l’île n’est pas dans le paysage. Elle est dans les habitants. C’est vrai. Les Cap Verdiens sont gentils, tranquilles, pas envahissant comme en Afrique de l’Ouest (ici on ne marchande pas par exemple), souriants.
Dimanche, je vais chercher Claire à l’aéroport. Le soir nous allons dîner dans un resto tenu par un jeune français qui y organise un concert de musique cap-verdienne. La musique est excellente, l’ambiance à la fête, qui chauffe au fur et à mesure que les verres de grogue (la boisson nationale) sont ingérés. Mais tout reste festif, innocent, doux, sans agressivité même chez les plus allumés.
Malgré le décor peu accueillant, je sens bien comment on peut se faire happer par cette tranquillité et cette douceur de vivre. Comment on peut y céder et se retrouver à passer ses journées à ne pas faire grand-chose, ou à tout faire lentement, à papoter au bistrot, à danser et faire la sieste entre deux demi-journées de boulot.