Bon, çà y est, il faut y aller, se lancer, partir pour 5 ou 6 jours à deux. La météo annonce une dépression qui arrive du Nord Ouest et qui va amener des vents du sud dans notre zone, il faut donc passer avant.
Première difficulté : le détroit de Gibraltar. Difficile à cause du trafic mais aussi des conditions météo souvent rudes et du courant fort en fonction de la marée. Cette dernière difficulté peut être gérée car on connaît les horaires de marées et les courants en fonction de l’heure par rapport à la marée haute. La théorie dit : partir de Gibraltar 2 heures après la marée haute, aller jusqu’à Tarifa puis traverser vers Tanger 5 ou 6 heures après la marée haute. La pratique a mal commencé car je me suis planté, et j’ai mélangé avant avec après la marée haute, nous sommes donc partis à 6h du matin a leu de 10h. Donc voyage de nuit jusqu’à Gibraltar. Photo des cargos pour faire plaisir à Blandine. Arrivée sur Gibraltar au petit jour, accompagné par des dauphins, magique.
Sur notre écran on voit plein de bateaux, dont certains ferries qui font l’aller/retour avec le Maroc à fond la caisse. Et d’un seul coup… on ne voit plus rien. Un brouillard à couper au couteau. On ne voit plus à 10 mètres mais on entend la sirène dudit ferry à côté de nous. Je le vois passer sur l’écran, mais pas en vrai. C’est un peu usant pour les nerfs, même très flippant malgré toute notre électronique de se retrouver au milieu du détroit sans rien voir. En plus, on rate la vue magique des deux continents en même temps.
Sagement nous nous dirigeons vers Tarifa pour mouiller en attendant que le brouillard se lève. Arrivé dans la baie, nous voyons des bouées de plage, donc on n’est pas loin de la côte, mais on ne voit rien. Nous mouillons. Au bout de 5 minutes un bateau de pêche promenade et un semi rigide apparaissent à 20 m de nous et nous saluent. On attend.
Une ou deux heures après le soleil dissipe les brumes. Nous sommes effectivement à 300m de la plage. Et là je vois deux bateaux de 10/12 mètres amarrés aux bouées de la zone de baignade. Je pense que c’est un peu exagéré, je les regarde et m’aperçoit que les bateaux que nous avons vu dans le brouillard ainsi que 6 ou 7 autres semi rigides font l’aller-retour entre ces bateaux et la plage où une cohorte de gens amène des paquets en courants. Bref un trafic de quelque chose, regardons ailleurs, d’ailleurs il est l’heure de partir si on veut profiter des bons courants.
Que dire de la traversée : 24h de moteur, puis 3 jours et demi de vents portants, une moyenne de 6 nœuds, un routage fait par le capitaine aux petits oignons, on a mis 10h dans la vue à un Nautitech 44 (donc plus grand) avec 6 personnes à bord. L’organisation de nos quarts s’est bien passée, pour finalement arriver au résultat que je fais de 9h du soir à 5h du matin et je dors de 5h à 12h. C’est tout de même fatiguant.
Après la deuxième nuit on a retrouvé un poisson volant et un poulpe morts sur le bateau.
Avant d’arriver nous étions en train de nous dire que nous n’avions pas vu de dauphins et 30 minutes après nous nous sommes retrouvés entourés d’une trentaine de dauphins qui ont joués pendant 2 heures autour du bateau.
Partis Samedi matin, nous arrivons à La Graciosa Mercredi vers 3h. C’est toujours un moment émouvant, de revoir la terre après plusieurs jours, même un jour, en mer. C’est beau cette terre qui sort de l’eau, au milieu de l’atlantique, avec ses couleurs qui viennent contraster le bleu du ciel et de la mer, les oiseaux plus nombreux, le vert des arbres (rares ici), le brun des rochers, les lames qui se brisent et nous rappellent qu’il faut faire gaffe…
Bon nous voici arrivé, pas arrivé à destination, mais arrivés à la fin de notre première traversée.
Bilan : quelques coups de gueule, plutôt dus au fait que j’ai volontairement oublié d’emmener des cigarettes, un peu de fatigue, pas de bobo, pas de stress, un équipage fier de ce qu’il a fait, un chat qui s’est bien fait au voyage allant même jusqu’à sortir sur le pont.
2 thoughts on “Traversée”
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En vrac, les commentaires …
Un quart de toute la nuit … ça doit être dur.
Où sont les photos du poulpe et du poisson volant ?! Et d’ailleurs, on en parle du poulpe mort SUR le pont ?
C’est chouette que Moody se soit fait à la mer un peu.
Et sinon, j’aime la contradiction de vos photos « Terre en vue, The crew is happy » mais « the crew » tourne le dos à la terre en question !
En tout cas ça fait envie cette île avec les maisons blanches. Ca me rappelle un peu Minorque, mais en plus joli.
Oui on a retrouvé des petits poulpes sur le pont. Je pense que ce sont les vagues qui les ont déposés. Les photos arrivent bientôt, à moins que Julie l’ai mis dans son article (voir version en anglais)